J'ai visité les ateliers de peinture où  Araki-senseï  enseigne à des élèves qui suivant leur disponibilité et leur motivation peuvent progresser surement au point d'être sélectionnés pour le salon Kenten, et même d'y être primés comme son élève Mariko Yagi à qui l'a été deux reprises .  Pratiquant le nihonga  comme simple loisir ou avec une vraie quête artistique , Araki senseï est à l'écoute de chacun sans discrimination.

Le premier atelier était en périphérie et sur les hauteurs de Kochi. Bénéficiant de grandes baies vitrées et baigné de lumière, l'espace garni de tables accueillait ses élèves  venus avec leurs travaux en cours recevoir les conseils de leur enseignant.

Les thèmes sont choisis par les élèves, entre souvenirs de voyages , sujets ludiques, portraits ou thèmes plus philosophiques.

Araki-senseï a fixé un morceau de papier sur un panneau de bois. Ce papier ( tosa washi), m'a semblé très résistant, et la manière très vigoureuse qu'avait le professeur de le traiter était nouvelle pour moi.

Araki-sensei encourage à faire de grands formats, c'est aussi ce qui est attendu pour pouvoir exposer dans les salons Comme Kenten, Inten, Nitten. Junko-san et Mariko-san ont ainsi pu être sélectionnées pour le salon Kenten. Mika Suetugu qui a peint le portrait de ses petites filles n'a pas pu être prête à temps mais j'ai eu la chance de voir ses tableaux magnifiques à l'atelier..

Mika-san avait aussi apporté un objet en bois peint: un aigle peint sur bois chantourné pour lequel elle avait besoin des conseils de Senseï . Cet objet était destiné à recevoir la bénédiction d'un prêtre conformément aux voeux de Mika -san puis d'être rapporté chez elle. Il m'a fait pensé aux ema, ces peintures votives que l'on charge de ses souhaits dans les temples shintoistes.

A suivre....

De retour du Japon où je suis restée cinq semaines, il me reste encore à ordonner images et émotions, notes et enregistrements, cela prendra du temps.

Pour l'heure un petit résumé en guise d'introduction et de remerciement à toutes ces personnes qui m'ont accueillie si généreusement. Etre accueillie par des artistes qui pratiquent la peinture nihonga en experts ou en amateurs, renommés ou moins connus. C'est une chance que j'ai envie de mesurer chaque jour que je consacrerai à la peinture à présent.

A Kochi (Shikoku) J'ai rencontré l'artiste et enseignant  Araki Yoichi, ainsi que ses élèves Yagi Mariko , Matsugi Junko , et Suetugu Mika . J'ai pu visiter les ateliers dans lesquels il enseigne, le salon Kenten qui expose annuellement les oeuvres nihonga des peintres de la préfecture de Kochi. Ils m'ont offert le cadeau de me faire découvrir la magnifique montagne forêt Yokokura, la rivière Niyodo dont l'eau est si pure, diner ensemble au marché d'Hirome .....

A Uji le peintre Fukuï Sadanori  m'a reçu dans son atelier, et m'a fait découvrir sa pratique très originale et son besoin de revenir aux origines quand les premiers peintres confectionnaient leurs outils et leurs matériaux pour représenter l'objet de leur convoitise. Il m'a parlé de son parcours avec simplicité et m'a reçu dans une galerie de Nara où il faisait une démonstration à l'occasion de l'exposition de ses oeuvres.

A Kyoto j'ai rencontré l'artiste peintre et enseignant  Fujioka Masato, j'ai pu découvrir l'exposition qu'il a organisé autour des pigments rouges avec 9 artistes, puis  j'ai assisté à la conférence de Fujimoto Tukio, propriétaire de la 4 ème génération du magasin Saïundo , très ancienne boutique de pigments pour nihonga. .

Grâce à  Fujioka Masato, avec la rencontre de Takeuchi Koichi, peintre renommé au Japon pour lequel j'ai un vrai coup de coeur depuis ma découverte en 2007 , j'ai pu toucher du doigt la notion de « EN » (縁), les liens mystérieux qui lient les destinées. La joie et la profondeur étaient au rendez vous. Le souvenir de ce moment me nourrit encore.

Après la merveilleuse visite du temple des mousses ( "Saihoji" temple bouddhiste, surnommé "Kokedera" ), j'ai rencontré le peintre Saitou Kazu, ancien élève de Takeuchi Koichi. Ses oeuvres d'une grande subtilité, reflets d'une quête de dépouillement.

A l'université des Arts de Kurashiki , Moriyama Tomoki m'a présenté quelques uns de ses élèves dans leurs ateliers ainsi que leurs travaux en cours. Nous avons roulé au milieu des montagnes boisées , quand l'automne commence à colorer les feuilles d'or et de rouille.Je suis retournée dans sa maison où il m'a parlé de ses projets encours et futurs.

A Hamamatsu, j'ai revu mon amie de longue date, Isabelle Yamada et son mari peintre  Kiyoshi, à la tête d'une belle famille d'artistes, mari, enfants ce sont des créateurs en peinture classique à l'huile, portrait , nihonga, manga. Accompagnées par son mari et ses filles nous avons visité le musée Akino Fuku.  Cette peintre nihonga amoureuse de l'Inde.

A Shizuoka j'ai rencontré l'artiste et professeur d'Arts plastiques Mariko Yuko ainsi que les enfants sa classe avec laquelle nous avions échangé des etegami à l'occasion de l'exposition de la Chapelle st Louis de la Salpétrière avec les jeunes de l'association Zigzag Color. Mariko Yuko seule peintre contemporain, fait exception parmi les peintres que j'ai rencontrés.

Ooba Shigeyuki ,artiste nihonga que m'avait fait connaitre son élève Nicole Nogami il y a quelques années,  enseigne à Mishima. Il m'a fait découvrir les lieux qui nourrissent son inspiration et la richesse de ses matériaux ainsi que de ses outils dans le secret de son atelier.

Tsutsumi Haruo et son épouse m'ont accueillie à Kofu au pied du magnifique mont Fuji. Après m'avoir fait découvrir les incomparables beautés de leur région, Haruo-san m'a présenté ses oeuvres nihonga sur bois. Nourries de traditions et intemporelles, entre anges et daïkini, une oeuvre inspirée.

A Tokyo, la grande ville , alors que l'automne parait les jardins de ses belles couleurs, m'attendait le salon Nitten et l'exposition rétrospective de Higashiyama Kaii que j'ai visité en compagnie du peintre et enseignant Fukuda Hakudo  et de son amie Nohara Mami . Une visite au musée d'art Yamatane avec mon amie Marie France où j'ai admiré quelques oeuvres de Uemura Shoen, puis une très intéressante exposition à la Tokyo University of Arts en compagnie de Horii Emiko où j'ai rencontré l'artiste et chercheuse  Hayashi Julie.

Il me reste à présent à écrire sur chacune de ces rencontres , et de ces découvertes en art et nature au Japon. C'est une joie de revivre par l'écriture ces moments.

A très bientôt.

Bientôt se termine l'exposition Fukami à l'hotel Salomon de Rothshild, et avec elle la présentation pour la première fois hors du Japon, des oeuvres de Tanaka Isson, dont on fête cette année le 150 ème anniversaire de la naissance..

Souvent comparé au peintre Gauguin du fait de son choix de vie  (Un peintre qui se retire sous les tropiques où sa créativité connaitra un nouvel essor), son parcours et sa personnalité, semblent par contre bien différentes, loin des milieux artistiques, solitaire et presque ascète.

Après un bref passage à l'université des arts de Tokyo à la section nihonga à 18 ans ses études sont interrompues par la maladie de son père sculpteur, et le manque de finances; Tanaka Isson poursuit alors sa carrière de peintre en autodidacte vivant de différents métiers alimentaires .

D'abord maitre dans l'art des nanga (peinture chinoise de lettrés), inspiré par les peintres de l'époque, il s'en éloigne petit à petit pour s'intéresser à la représentation du quotidien. En 1947, (à 39 ans) après une exposition; son travail commence à être reconnu dans le monde de l'art  .

A 50 ans il se retire sur l'ile d'Amami Oshima, ile principale des iles Amami où la faune et la flore tropicale lui fournissent une riche source d'inspiration. (95 % du territoire est recouvert de forêt primaire) Employé dans une fabrique de soierie pour subvenir à ses besoins, le dénuement dans lequel il vit semble inversement proportionnel à la profusion que lui offre la nature.

Devant une œuvre de Tanaka Isson l'oiseau n'est plus un élément décoratif mais un être mystérieux qui porte un message qu'il nous est demandé d'entendre, le végétal a une présence puissante et une aura semble émaner de certaines fleurs.

Je vous présente deux oeuvres à découvrir parmi les 19 oeuvres exposées.

"Kuwazuimo à Sotetsu" (Alocasia O Dora et Cycad) .

 La plante appelée aussi "oreille d'éléphant" présente des fleurs à tous les stades de la vie, du bourgeon à la fleur fanée, en passant par la fleur epanouie qui capte la lumière du ciel ; le peintre nous invite peut être ainsi à méditer sur les cycles de la vie. Entre les feuillages on peut deviner au loin la ligne d'horizon et un récif. Du proche au lointain, de la vie à la mort entre rêve et réalité, Tanaka Isson réussit dans cette oeuvre à nous amener à réfléchir sur notre propre existence.

“Yoju ni Tora-mimizuku” (Un banyan et un hibou moyen-duc) est une peinture presque monochrome. Après le flamboiement des couleurs nous voilà  invités sous l'arbre banian dans la moiteur de l'ombre. Arbre sacré dans certains pays d'Asie, ses branches tombées au sol forment des racines et créent de nouveaux pieds. On le devine  fort d'une symbolique très riche, il serait l'arbre de la connaissance suprême. Le hibou à l'oeil demi fermé veille; un oiseau au bec ouvert dont on pourrait presque entendre le chant, sort de la lumière en arrière plan. Derrière lui, la mer, et à nouveau le récif. L'aura de la fleur blanche irradie.

Comme beaucoup de peintres non académiques donc libres et indépendants, vivant loin des salons Tanaka Isson ne sera reconnu qu'après sa mort. Faut il le regretter pour cet homme dont l'ascèse et la communion avec la nature semblait suffire à son bonheur? C'est en tous cas une grande chance que cette oeuvre parvienne jusqu'à nous et nous montre le chemin d'une reconnection.

Il vous reste 6 jours pour profiter de cette superbe exposition où vous découvrirez d'autres artistes dans ce superbe espace qu'est l'hotel Salomon de Rothshild.

Pour ceux qui ne pourront se déplacer je propose une vidéo glanée sur le net

Certains savent que je partage les informations que je collecte à propos du nihonga sur le groupe facebook

Nihonga Nikawa-e

Cependant tout le monde n'a pas son compte facebook.

C'est pourquoi aujourd'hui je vous propose d'enregistrer sur vos agendas ces expositions à venir et à ne pas rater.

Les noirs, argent et or s'emmèlent et jouent de nos sens.

C'est une exposition à voir et à ressentir

Galerie Taménaga, du 24 mai au 14 juin

18 avenue Matignon, 75008 Paris

www.tamenaga.com

TANAKA Isson (1908 - 1977)

Pour la première fois exposé en France son oeuvre témoigne d'un paysage peu connu du Japon.

Une flore luxuriante celle de l’île d’Amami-Ōshima située entre l’île principale de Kyūshū et Okinawa, où il a vécu à partir de 50 ans . Ode à la nature d'un peintre ascète tout entier dévoué à témoigner du vivant.

Cet article à découvrir.

Exposition de la mi-juillet à août.

18 à l’Hôtel Salomon de Rothschild à Paris

Pour la première fois exposés en Europe nous aurons la chance de découvrir les 30 rouleaux peints d'Ito Jakuchu.

A nouveau c'est une ode à la beauté de la nature et des oiseaux réalisée par un artiste de Kyoto tout à fait à part.

Au sujet de ce peintre vous pouvez lire cet article où je décrivais son parcours et où j'ai abordé le sujet de sa technique .

Dans le cadre de japonismes 2018

Du 15 septembre au 14 octobre 2018

Au Petit Palais à Paris

Du 26 octobre au 27 janvier

A découvrir absolument , une des écoles majeures de la peinture traditionnelle japonaise qui se caractérise souvent par des motifs empruntés à la nature sur des fonds de feuille d'or mais aussi connue pour une oeuvre devenue trésor national représentant le Dieu du vent et du tonnerre d'OGATA Korin, souvent copié ou interprété . Beaucoup de ces peintures étaient utilisées pour orner les portes coulissantes et les panneaux muraux (fusuma) des demeures des nobles .

Cette exposition est organisée dans le cadre de japonisme 2018

Musée Cernuschi

A partir du 16 fevrier nous entrons dans l'annee du chien.

je vous souhaite a tous une tres bonne année!